A ma cité

Je sais une vallée qu’Ausone célébra,
Aux terres fertiles, riche en grasses prairies,
Baignée par l’AIzette, par l’Alisontia,
La rivière au doux nom, au nom de poésie.

D’admirables forêts, frissonnantes, ombreuses,
Aux sources de cristal, fraîches et glougloutantes,
Aux profondes grottes sombres, mystérieuses
L’encadrent et font d’elle un pays de légende.

Dans la vallée je sais une antique cité
Souriante au milieu d’arbres, de haies, de fleurs,
Qui rêve d’un passé lointain, historié,
Tout en restant jeune d’allure et de coeur.

Son beau visage change au rythme des saisons,
Mais conserve toujours, tout au long de l’année,
Sa sereine grâce, son calme reposant,
Au grand étonnement des voyageurs pressés.

Il rayonne la joie quand la terre reverdit,
Quand les flots azurés de ses eaux amoureuses
Effleurent tendrement l’herbe des prés fleuris,
Tout en reflétant sa baroque tour bulbeuse.

Il brille de bonheur quand l’été radieux
Suspend mille roses à ses belles maisons,
Imprègne l’air de leur parfum délicieux
Et enchante les nuits de rêves odorants.

Pendant l’automne qui incendie les forêts,
Fait flamboyer les fleurs ultimes des jardins,
Une mélancolie tendre voile ses traits
Qui fascinent bien qu’ils nous parlent de déclin.

L’hiver qui dépouille les arbres, les buissons,
Ne peut ravir tous les charmes de la cité,
Car à l’horizon nu l’église, le château
Se profilent, nobles, dans toute leur beauté,

O ma douce ville, paisible, sans pareille,
Bien souvent du sommet de l’heureuse colline
Où le blanc Monument de la Liberté veille,
Je cueille ton sourire et en moi je l’imprime.

Et je sens que je suis ta dévouée amante :
Ton sourire est ma joie, il fleurit en mon coeur.
Il ne s’éteindra pas avec la vie mourante,
Mon âme l’emporte dans un pays sans pleurs.

Cécile RIES
dans la brochure des pompiers 1967

Print Friendly, PDF & Email